Regnault, Gilles et Pierre Grebert Chevaliers Hennuyers...

 Regnault, Gilles et Pierre Grebert, Chevaliers hennuyers de la fin du XIIIᵉ et du début du XIVᵉ siècle


Regnault, Gilles et Pierre Grebert étaient les fils de Jacquemont Grebert, chevalier, sire de Blécourt (en Cambrésis), châtelain de Cantaing, et seigneur de Rieussec-Wambaix, Écaillon, Féchain, Erches, entre autres. Il était uni à Alix de Caullery.

Château de Cantaing circa 1270


Regnault Grebert, Prévôt de Cambrai

Regnault devint prévôt de Cambrai, chevalier, sire de Blécourt, seigneur de Féchain, Haynecourt… Il épousa Jeanne de Cagnicourt et, en 1290, il assista Jean II d'Oisy-Avesnes, comte de Hainaut, lors de l’hommage d'Ostrevant.

Château de Blécourt en Cambrésis  1320


Gilles Grebert, chevalier et magistrat de Valenciennes

Gilles fut chevalier, seigneur de Valenciennes, de l'Épée, d'Élesmes, de Lieu-Saint-Amand, et magistrat de la cité de Valenciennes.

Pierre Grebert, chevalier et juré de la paix de Valenciennes

Pierre, quant à lui, fut chevalier, seigneur d'Écaillon et de l'Épée (Espaix), magistrat et juré de la paix de Valenciennes.

Ces deux derniers résidèrent dans un hôtel particulier rue de Cambray à Valenciennes, hérité de leurs parents, tous deux décédés en 1271.

Une éducation sous le patronage des Avesnes

Encore adolescent, Regnault fut éduqué par son parrain, Guillaume de Hainaut, seigneur d'Avesnes et futur comte-évêque de Cambrai (1286). Ses jeunes frères, quant à eux, furent placés sous la protection et le parrainage de Florent d'Avesnes-Hainaut, gouverneur de Zélande et prince d’Achaïe (dite de Morée).

Le conflit entre Valenciennes et Jean Ier de Hainaut (Jean II d'Oisy-Avesnes)

En février 1280, Jean Ier de Hainaut, comte de Hainaut et de Hollande, avait juré de respecter les franchises et privilèges de Valenciennes. Cependant, à la fin des années 1280, il tenta de rattacher la cité à la juridiction de Mons et d'imposer une taxation des riches bourgeois pour financer un conflit contre le comte de Flandre.

En 1290, Gilles Grebert fut envoyé en ambassade auprès du comte pour défendre les droits et privilèges de Valenciennes. Une charte fut signée, garantissant une trêve d’un an. Toutefois, Jean Ier utilisa ce répit pour renforcer sa garnison et fortifier le château comtal, situé dans l’enceinte de la ville.

En réponse, Gilles et Pierre Grebert, soutenus par le Grand Conseil de la Cité, firent construire deux tours de défense :

La tour Saint-Gilles

La tour de Vaucelles, face au château du comte.

L'affrontement entre Valenciennes et Jean Ier de Hainaut

Face à cette rébellion, Jean Ier sollicita l’empereur du Saint-Empire, Rodolphe de Habsbourg, qui annula la charte de 1290 et délia le comte de son serment envers Valenciennes.

Début 1292, les seigneurs, bourgeois et milices valenciennoises assiégèrent le château comtal. Lors du second assaut, la forteresse fut prise, et Valenciennes se déclara "française", sollicitant l’appui de Philippe le Bel, roi de France. Cependant, celui-ci leur conseilla plutôt de se placer sous la protection du comte de Flandre, Gui de Dampierre.

Pendant le siège, Jean Ier de Hainaut tenta d’entrer dans la ville pour secourir sa garnison, mais Gilles Grebert lui en refusa l’accès, et les défenseurs montèrent sur les remparts. Incapable d’assiéger une ville aussi vaste, le comte dut se retirer.

En avril 1292, Rodolphe de Habsbourg mourut. Contre toute attente, son fils ne lui succéda pas : les princes-électeurs préférèrent élire le 5 mai Adolphe de Nassau, qu'ils pensaient pouvoir manipuler. Mais le nouvel empereur montra vite son indépendance et s’impliqua dans divers conflits.

Le 8 juillet 1292, Gilles et Pierre Grebert furent convoqués par Adolphe de Nassau pour "injures" envers lui et leur suzerain Jean Ier de Hainaut. Ils s’excusèrent et signèrent une nouvelle trêve.

La reprise du conflit en 1294

En 1294, la guerre reprit. Gilles Grebert sollicita l’appui du comte de Flandre. Sous le commandement de Robert de Béthune, les chevaliers flamands et les milices valenciennoises défirent les troupes de Jean de Hainaut.

Craignant une réunification du Hainaut et de la Flandre, Philippe le Bel obligea le comte de Flandre à se désengager du conflit.

En 1296, une nouvelle trêve fut conclue, et en 1302, Jean Ier de Hainaut renonça définitivement à soumettre Valenciennes. La cité recouvra sa charte, ses usages et ses privilèges.

Quant à Adolphe de Nassau, il fut destitué en 1298, puis tué à la bataille de Gollheim par le nouvel empereur Albert de Habsbourg.

Les dernières années de Gilles et Pierre Grebert

Finalement réconciliés avec leur cousin et suzerain Jean de Hainaut, Gilles et Pierre Grebert continuèrent à administrer Valenciennes tout en participant aux chevauchées militaires du comte :

1296-1299 : Campagnes en Hollande pour venger l’assassinat de Florent V de Hollande (assassiné le 27 juin 1296).

1325 : Expédition en Angleterre aux côtés de Guillaume de Hainaut et de son oncle Jean de Beaumont pour soutenir Isabelle de France, reine d’Angleterre, en lutte contre son mari Édouard II et ses favoris. Ils aidèrent le baron Roger Mortimer à restaurer l’autorité d’Isabelle.

1327 : Déposition et assassinat d’Édouard II.

Mariage du futur Édouard III avec Philippa de Hainaut, fille de Guillaume.

À leur retour en France, Gilles et Pierre furent largement indemnisés par la reine Isabelle, et rentrèrent les "bougettes" pleines. Ce terme, dérivé de la bourse attachée à la selle du cavalier, traversera plus tard la Manche et donnera naissance au mot "budget" au XVIIIᵉ siècle.

Postérité des Grebert

Gilles Grebert fonda une branche normande de la famille, seigneurs de Saint-Pierre-du-Mont, Criqueville, Colleville, etc.

Regnault Grebert assura la continuation de la lignée dans le Hainaut et le Cambrésis.


Prévôté et place de Regnault Grebert à Cambrai et dans le Cambrésis.

Regnault Grebert, en tant que chevalier et prévôt de Cambrai nommé en 1313, occupait une place de premier plan dans la société cambrésienne du XIIIe siècle. Voici comment on peut situer son rang social dans cette cité métropolitaine du Saint-Empire romain germanique :

1. Le Prévôt de Cambrai : un Officier Clé de la Ville

Le prévôt était un officier représentant du comte-évêque (l'évêque-comte de Cambrai) et jouait un rôle clé dans l’administration et la justice. Il était à la fois un administrateur urbain, un chef de la police, un juge et parfois même un commandant militaire en période de troubles. Sa fonction lui donnait autorité sur :

L’application des règlements urbains et des droits de l’évêque-comte.

La gestion des taxes et impôts locaux.

La supervision des milices bourgeoises et des garnisons urbaines.

Le règlement des conflits entre bourgeois, artisans et seigneurs locaux.

Il était donc l'un des hommes les plus influents de la cité, après l’évêque-comte et certains membres du chapitre cathédral.


2. Un Chevalier au Service de l’Évêque-Comte

En tant que chevalier, Regnault Grebert appartenait à la noblesse au service de l’autorité épiscopale. Sa chevalerie était à la fois :

Militaire : Il devait pouvoir lever des hommes d’armes et défendre les intérêts de l’Église et de l’Empire.

Politique : Il servait d’intermédiaire entre le pouvoir seigneurial de l’évêque et les bourgeois de la ville.

Féodale : Il possédait des terres et probablement un fief lié à son rôle de prévôt, et plusieurs Seigneuries et châteaux dans le comté du Cambrésis.


3. Son Hôtel Particulier à Cambrai

Les prévôts et chevaliers urbains habitaient généralement de grandes maisons fortifiées, souvent appelées hôtels particuliers. Celui de Regnault Grebert se situait :

dans un quartier proche de la cathédrale Notre-Dame (centre du pouvoir épiscopal),

près des halles et du forum médiéval, au contact de la bourgeoisie marchande.

Son hôtel devait être une bâtisse en pierre et bois, comportant :

Une grande salle de réception, où il rendait parfois justice.

Une tour de guet ou un corps fortifié, symbole de son autorité.

Une cour intérieure et des dépendances, pour loger ses gens d’armes et son personnel.


hôtel particulier des Grebert à Cambrai circa 1315


4. Son Statut dans la Hiérarchie Cambrésienne

Regnault Grebert se situait donc au sommet de la société cambrésienne :

1. L’évêque-comte de Cambrai → Suzerain direct, détenteur du pouvoir temporel et spirituel.

2. Le chapitre cathédral et les grands chanoines → Haute noblesse ecclésiastique de la ville.

3. Le prévôt (Regnault Grebert) → Chef de l’administration épiscopale et représentant de l’évêque.

4. Les chevaliers vassaux et seigneurs locaux → Noblesse féodale rattachée au pouvoir épiscopal.

5. Les échevins et bourgeois → Riches marchands et maîtres des corporations

6. Les artisans et roturiers → Population urbaine active.

7. Les paysans et serfs → Dépendants des seigneurs ecclésiastiques et laïques.


Regnault Grebert était donc l’un des hommes les plus puissants de Cambrai au XIIIe siècle, à la croisée des pouvoirs militaire, judiciaire et administratif.

Pierre III de Lévis-Mirepoix était évêque de Cambrai lors de sa nomination comme Prévôt en 1313 (cf dans les documents fiche descriptive Geneanet : legillou) et sa Prévôté s'étala jusqu'en 1325 date à laquelle il est remplacé à ce poste prestigieux par Jean de Rumilly assisté de Jean de Cologne comme Lieutenant du Prévôt.

Les informations précises concernant la fin du mandat de Regnault Grebert en tant que prévôt de Cambrai en 1325 sont limitées. Toutefois, il est établi que son mandat s'est achevé cette année-là.

 Parallèlement, l'épiscopat de Pierre de Lévis-Mirepoix (1309-1324) a été marqué par des troubles et des séditions populaires à Cambrai, qui ont conduit l'évêque à solliciter son transfert vers un autre diocèse en 1324 (Bayeux). 

Ces événements ont pu créer un climat politique et social instable dans la ville.

Bien que nous ne disposions pas de preuves directes établissant un lien entre ces troubles et la cessation des fonctions de Regnault Grebert en 1325, il est plausible que l'instabilité de cette période ait influencé sa décision de quitter son poste ou ait conduit à sa révocation. 

Les changements dans la hiérarchie ecclésiastique, notamment le départ de l'évêque Pierre de Lévis-Mirepoix pour l'évêché de Bayeux (où Gilles frère cadet de Regnault était Seigneur de Saint Pierre du Mont, Criqueville, Colleville...), ont également pu jouer un rôle dans cette transition...


         Saint Pierre du Mont circa 1340


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Sources :

Chroniques de Jean Froissart

Chroniques de Jean Le Bel

Annales du Hainaut de François Vinchant

Histoire de Valenciennes du Chanoine Platelle

Histoires des Grandes Familles du 

Nord de la France

Archives départementales du Nord à Lille

Archives et papiers de famille


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